Ambre - Kathleen Winsor




Résumé:
     
    Dans l'Angleterre de la fin du XVIIè siècle, une gamine sans père ni mère, presque sans nom, décide d'user de ses charmes pour conquérir le monde. Gloire, honneurs, fortune, plaisirs : il lui faut tout. Et, l'immoralité de l'époque aidant, elle aura tout, taillant à vif s'il le faut dans la chair de ses rivaux et rivales – car du haut en bas de l'échelle sociale tout n'est qu'intrigue, trahison, mensonge et dépravation.
    Cette vaste fresque avait fait scandale lors de sa parution en 1944. Elle est, un demi-siècle plus tard, un grand classique.

Mon avis :

    Le beau coffret contenant la duologie Ambre m'a tapé dans l’œil la première fois que je l'ai vu. Ses promesses d'aventures et de passions ont fini de me convaincre. Je n'avais alors jamais entendu parler de ce roman. Depuis qu'il a rejoint ma bibliothèque, j'ai eu quelques échos sur ce texte. Les très rares avis que j'ai pu entendre sur cette histoire étaient dithyrambiques. Le mien le sera nettement moins.

    Au premier abord, on peut avoir l'impression que Ambre est un personnage féminin fort. Elle fait fi des convenances pour obtenir ce qu'elle souhaite. Elle brave les qu'en dira-t-on , prend des amants et ne souhaite pas se cantonner au rôle qui lui était alors destiné : être la femme d'un petit campagnard quelconque. Elle rêve d'autre chose et veut voir plus grand. Mais très vite cette image s’essouffle.
    Ambre m'a rapidement agacée. Au début du roman, elle a 16 ans et elle est extrêmement naïve. Compte tenu de son âge, je lui laisse sa chance. Commettre des erreurs à 16 ans c'est compréhensible, surtout lorsqu'on se retrouve comme elle sans soutien et sans ressource. Elle va inéluctablement changer face aux épreuves qu'elle endure, non ? ... Ben non. C'est ça tout le problème avec Ambre, elle ne change pas. Elle est belle, elle le sait et elle s'en sert. Voilà sa stratégie. Elle utilise systématiquement les mêmes ficelles pour arriver à ses fins. Au bout de 10 ans, j'ai l'impression d'avoir toujours devant moi la gamine qu'elle était à 16 ans et cela en devient affligeant. 
    Pourtant, au cours de sa vie, elle va rencontrer différentes femmes qui ont emprunté la même voie qu'elle et qui sont tombées de leur piédestal. Elles sont devenues malades, vieilles, laides ou elles ne sont plus à la mode. Certaines sont réduites à des extrémités qui effraient Ambre. Ces femmes devraient donc lui servir d'avertissement mais Ambre est persuadée que cela ne lui arrivera jamais. Tant d'orgueil est horripilant quand on sait que la fin est inévitable. 
    Ce que je regrette énormément dans ce texte, c'est qu'à aucun moment Ambre ne prend le temps de s'instruire, d'apprendre à gérer ses affaires et d'utiliser aux mieux ses autres capacités (notamment intellectuelles). Et ce ne sont pas les occasions qui ont manqué... Mais pour l'autrice allier la beauté et l'intelligence semble incompatible.
    En plus des décisions foireuses qu'elle ne manquera pas de prendre, elle commettra également des actes condamnables par la loi : clairement, cela n'améliorera pas l'opinion que j'ai d'elle. Tout au long de ma lecture, j'ai détesté ce personne qui ne se développe pas et qui fait systématiquement les mêmes expériences.

    Lorsque je suis arrivée à la dernière partie de cette histoire, j'ai finalement changé d'opinion sur Ambre. Je l'ai trouvé pathétique. Le mot est dur mais c'est ce qu'elle m'inspirait alors... En fin de compte j'ai pris du recul sur cette romance pour en arriver à la conclusion qu'il s'agissait en fait d'une relation toxique entre Ambre et Bruce. Je me suis lassée de leur histoire de ruptures et de réconciliations. 
    Durant dix longues années, Ambre sacrifiera tout ce qu'elle a à Bruce afin d'en devenir digne (être une femme riche et titrée). Sa famille, sa dignité, son amour-propre, son fils, etc, rien n'est trop tant qu'elle garde l'espoir de pouvoir être une jour heureuse avec son grand amour.
    A l'inverse, Bruce qui décide de la rupture ne coupera jamais réellement le lien avec elle. Il la méprise et se moque de son ambition. Néanmoins, il a systématiquement le beau rôle. Beau ténébreux, riche aventurier, courageux combattant... il garde cette image du gentleman accompli.
    C'est cela qui me dérange: Ambre est irritante et Bruce est admiré. L'attitude qu'il a envers elle est problématique et pourtant, à aucun moment dans le récit celle-ci n'est remise en question. Même le narrateur se tait sur son comportement. Je trouve que cette histoire "d'amour" est malaisante.

    De manière générale, je n'ai pas aimé l'image des femmes qui est véhiculée par ce roman.
    Tout d'abord j'ai la sensation que l'autrice essaie de nous duper quand elle veut nous faire croire que Ambre est un esprit libre. Au commencement, on a le sentiment que Ambre est une libertine parfaitement à l'aise avec cela. Que sexuellement, elle est maitresse de son corps et qu'elle choisit librement ses amants. En réfléchissant un petit peu, je me dis que ce n'est pas réellement vrai. Elle prend des amants par nécessité mais non par choix. Certains n'auraient jamais franchi le pas de sa porte si elle avait vraiment pu décider. Certes elle n'est pas violentée physiquement mais elle n'est pas non plus affranchie. Au final, ce personnage me laisse l'impression d'une émancipation avortée. Comme si l'auteure avait voulu tendre vers quelque chose sans oser franchir le pas.
    Puis l'image stéréotypée de la maitresse et de l'épouse m'enquiquine.
La maitresse est sulfureuse, ambitieuse, manipulatrice et calculatrice. Surtout pas de sentiments. A l'inverse, l'épouse est douce, calme et humble. En un point : maléable. Mais il semble que le lecteur doit la trouver courageuse et admirable à cause de sa résignation face à son sort...
Bref, si l'un de ses deux profils de femmes ose protester, cela sera vu comme un caprice. Je trouve ça dommage que l'autrice, sous couvert d'une réalité historique, infantilise à ce point ses personnages féminins. Cantonnées à leur rôle, elles n'ont plus de personnalité et deviennent le copier coller l'une de l'autre. Certes le XVIIe siècle ne valorise pas les femmes mais pour autant faut-il minimiser leur révolte, leur ressenti, leurs émotions et leurs sentiments face à ce qu'elles vivent ? J'ai très envie de répondre non.

    Dernier point, l'aspect historique. Avec Ambre, on se promène dans les différents faubourgs de Londres mais je regrette que le contexte politique soit si peu développé. L'auteure a préféré s'occuper des amours de Charles II. Ce qui est très redondant. Une femme passe. Une autre arrive mais l'histoire reste la même.
    Le seul fait historique que j'ai trouvé bien traité c'est l'épidémie de peste. J'y ai appris certains choses sur la gestion de cette épidémie dans le Londres du XVIIe siècle. C'est assez intéressant et effrayant.
    Au contraire, le grand incendie de Londres est survolé. Le personnage principal ne se sentant pas plus concerné que cela par l'événement, l'autrice en dit très peu, on passe rapidement sur le drame. Je suis déçue.
  

    En conclusion, je ne suis pas convaincue par ce livre. J'en attendais beaucoup mais il ne tient pas ses promesses et plus je pense à cette lecture, plus cela m'énerve. 
    Des faits historiques très légers, un personnage principal agaçant, une histoire d'amour toxique et un féminisme problématique car l'autrice ne va pas au bout des choses ne me permettent pas de porter Ambre dans mon cœur. C'est un texte que je ne relierai pas et que je ne garderai pas dans ma bibliothèque.

Muxu,
Marion

PS : Pour continuer le plaisir...
- Lire la saga des Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas. (Notamment le vicomte de Bragelonne qui se passe en France à la même époque).
- Lire ou visionner la saga : Angélique marquise des anges.(Des points communs entre les deux héroïnes).

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