Cueilleuse de thé - Jeanne-Marie Sauvage-Avit

Résumé :

Dix ans que, du matin au soir, dans la chaleur humide des plantation, Shemlaheila cueille le thé. Dix ans a subir la cruauté des contremaîtres et à rêver d'ailleurs. A la mort de sa mère, la jeune femme trouve assez de courage pour donner une chance à ses rêves. S'affranchir de sa condition. Quitter le Sri Lanka. Visa pour Londres en poche, Shamlaheila change d'horizons. Une autre culture, de nouveaux désirs s'ouvrent alors à elle. Avec leur lot de surprises, de solitude et de questions... Y trouvera-t-elle sa place ? La petite cueilleuse de thé parviendra-t-elle à se créer une nouvelle vie ?

Mon avis:

     Je me suis complètement fourvoyée en pensant qu'il s'agissait d'une simple romance. Pourtant estampillé en gros sur l'ouvrage : Prix du livre romantique; ce texte est - pour moi - bien plus que ça. Je voulais lire un livre doudou avant de repasser à des lectures plus exigeantes mais finalement je me suis retrouvée avec un livre engagé où la romance n'a qu'une place secondaire.

     Ce n'est pas un coup de cœur (pour des raisons que j'expliquerai plus tard ) mais c'est tout de même un livre que je recommanderai pour plusieurs raisons.

     On va y suivre un destin de femme. Dans une époque contemporaine à la nôtre et non dans une époque révolue comme j'ai l'habitude d'en lire. C'est d'ailleurs tout le tragique de cette histoire. Un rappel pour nous lecteur qu'il y a encore beaucoup de travail à faire quant aux droits des femmes de part le monde. La particularité de cette femme c'est qu'elle est cueilleuse de thé au Sri Lanka. Dans une société extrêmement patriarcale qui va vous énerver fortement. Shemlaheila, notre héroïne, va fuir sa condition afin de réaliser ses rêves. A travers son histoire, on va suivre une émancipation, un éveil à la féminité. Une prise de conscience qu'être femme n'est pas une tare et que rêver n'est pas dépendant du genre.

     Puis l'autrice prend le malin plaisir de nous rappeler que la société occidentale est loin d'être un modèle en matière de droits de l'Homme. Certes il y a eu des avancés mais l'égalité est loin d'être acquise. La relation de dominé / dominant est toujours présente et elle engendre des violences qui sont plus subtiles ou cachées sous des manières raffinées.

     J'ai aimé ces prises de positions.

     Un autre point positif du roman ce sont les relations d'amitiés qui y sont dépeintes. J'ai un faible pour les textes qui mettent en avant ce genre de relations parce que dans de nombreuses histoires les rencontres se transforment facilement en union amoureuse. On se retrouve alors très vite dans une sorte de huit clos relationnel où seul le couple existe. Ici ce n'est pas le cas. On parle d'amitiés et des influences que celles-ci peuvent avoir sur nous ou notre vie.

     C'est également un livre qui nous fait voyager vers d'autres pays (le Sri Lanka et l'Inde), on y découvre des paysages de cartes postales, d'autres cultures et d'autres coutumes mais on y découvre également une autre réalité moins reluisante : les conditions de vie et de travail des cueilleuses de thé. C'est quelque chose que j'ai apprécié découvrir mais je suis un peu déçue par certains aspects de cette partie.

     D'une part je trouve que la proportion qui est accordée dans cette œuvre à cet univers des cueilleuses de thé est trop succincte. J'aurais souhaité suivre les cueilleuses de thé de manière plus approfondie. Que le roman leur accorde plus de place au point d'en être le sujet principal. Ici je trouve qu'on passe beaucoup trop de temps au Royaume-Uni.

     D'autre part je trouve que le voyage fait par Shemlaheila est très beau mais utopiste sur certains aspects. ça reste plausible mais elle est extrêmement chanceuse dans ce qu'elle entreprend et finalement je n'ai pas trouvé ceci réaliste à 100%. D'où le fait que j'aurais préféré que l'action soit plus ancrée au Sri Lanka ou en Inde pour savoir qu'est-ce qui se passe réellement pour une cueilleuse de thé lambda. Y a-t-il des organismes pour les aider ? Y a-t-il des possibilités pour elles de s'émanciper de leurs conditions de vie et de travail ? Ont-elles des défenseurs ? Est-ce que ça bouge là-bas ?... Je reste sur ma faim quant à ces questions.

     Une dernière chose m'a chiffonnée dans le récit et cela concerne le personnage principal. C'est une jeune femme agréable, curieuse et brillante intellectuellement sauf qu'à certains moments, lorsque cela arrangeait l'autrice, j'ai eu l'impression que Shemlaheïla se faisait abuser trop facilement. Par conséquent j'avais l'impression qu'elle était incohérente et pas très réaliste. 

     En somme c'était un roman intéressant, qui m'a ouvert les yeux sur certaines choses et qui se lit bien. (La fin est jubilatoire) Je vous encourage à le lire même avec ses défauts.

Muxu,

Marion

PS : Pour continuer le plaisir...

- Sang les femmes, un combat menstruel


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