Le ventre de Paris - Emile Zola

Résumé: C'est dans les Halles centrales de Paris récemment construites par Baltard que Zola situe le troisième épisode des Rougon Macquart. Après " la course aux millions " décrite dans la Curée, ce sera la fête breughelienne du Ventre de Paris, sa foule fiévreuse, tourbillonnante et bigarrée, ses amoncellements de victuailles, ses flamboiements de couleurs, ses odeurs puissantes de fermes, de jardins et de marées. Florent, arrêté par erreur après le coup d'Etat du 2 décembre 1851, s'est évadé du bagne de Cayenne après 7 ans d'épreuves. Il retrouve à Paris son demi-frère qui, marié à la belle Lisa Macquart fait prospérer l'opulente charcuterie Quenu Gradelle. Mais la place de Florent est-elle à leurs côtés ? A-t-il renoncé à ses rêves de justice ? Car si l'Empire a su procurer au " ventre boutiquier, au ventre de l'honnête moyenne,... le consentement large et solide de la bête broyant le foin au râtelier ", il n'a guère contenté les affamés.

Mon avis:
          Voilà quelques temps, je me suis lancée le défi personnel de lire la sage des Rougon-Macquart de Emile Zola tout en respectant l'ordre de parution des romans.
Je viens d'achever le troisième tome de cette grande saga : Le ventre de Paris.
Ma PAL étant suffisamment grande pour me permettre de tenir un siège, j'achète presque exclusivement mes livres d'occasion. Malheureusement, j'ai eu du mal à trouver ce texte par ce biais-là. Ce n'est pas le roman le plus connu de la saga. Il m'a fallu plusieurs mois avant de mettre enfin la main dessus; dans une boite à livre. Un mois après j'en ai débuté la lecture.

          J'avais beaucoup aimé La fortune des Rougon. On y parle de politique et des complots ou magouilles qui en découlent et les rapports entres les membres de la famille Rougon-Macquart promettaient une diversité, une complexité qui me donnaient envie d'en savoir plus.
J'avais été moins sensible à La Curée. Les thématiques abordées (la spéculation et la place de la femme "bourgeoisie" dans la société) dans le roman me touchaient moins. Le texte reste intéressant et il montre un aspect important de la société du second empire mais j'ai du mal à suivre des personnages tels que Renée. Elle est las de la vie qu'elle mène, elle s'ennuie et par conséquent moi aussi. Néanmoins, l'histoire évoque une réalité qui effectivement ne peut être ignorée.
Le ventre de Paris m'a plus intéressé que son prédécesseur. J'ai été plus sensible aux choux et légumes qu'aux salons bourgeois du second empire.

          Tout d'abord, les descriptions sont extraordinaires. J'ai parfois eu tendance à me perdre. A certains moments, je n'étais pas capable de me représenter les différents éléments cités par l'auteur mais malgré tout, nous avons une profusion incroyable de détails qui m'a laissé béa d'admiration.
Au cours du récit, l'auteur aura l'occasion de nous décrire différents lieux des Halles de Paris. On verra entre autre la marrée, les volailles, les légumes, les fruits, les fleuristes et bien d'autres aspects. Zola énumère pour chaque section ce que l'on peut voir sur les différents étales et cette profusion de marchandises est tout simplement impressionnante. J'avais le sentiment qu'il pouvait continuer pendant des pages et des pages à nous parler de fruits, de légumes, de poissons,... sans que je m'en lasse. Et puis surtout, Zola ne s'arrête pas à l'aspect ou à la simple énumération. Il décrit les odeurs et le toucher. Il en fait des éléments sensuels, érotiques, vivants ou au contraire morbides, putrides mais c'est beau. Oui, c'est bizarre de dire cela comme ça mais c'est tellement bien écrit...
          Les Halles qui sont au centre du récit m'ont particulièrement impressionnées. Lorsque Florent fait ses premiers pas dans cet univers, on découvre en même temps que lui ce labyrinthe. Elles sont tellement grandes qu'il pourrait y marcher des heures sans pouvoir en sortir. Il devra d'ailleurs se faire aider pour pouvoir les quitter. Je me suis passionnée pour ce lieu, cette ville dans la ville. J'avais envie d’arpenter les différentes allées. De découvrir cette vie qui l'anime. Ses odeurs, ses couleurs, ses sons. De goûter à ces fruits, ces fromages,... Je me suis d'ailleurs empressée d'aller voir une photographie de ce monstre.

          De plus, j'ai trouvé cela intéressant de voir ce décalage entre la richesse et la pauvreté qui cohabitent chaque jour dans ces lieux. D'un côté, on a une profusion de nourriture impressionnante. A tel point qu'il semble impossible que tous les produits puissent être vendus ou consommés. Ajoutez à cela la modernité des lieux (pour l'époque) qui en fait un site riche et une vitrine pour l'Empire. Et de l'autre côté, cette misère des petites mains qui gravitent autour de ce lieu. Ces vieux quartiers avec des boutiques et des lieux d'habitation sombres et rudimentaires. Des gens qui crèvent la dalle et qui doivent se nourrir en volant, en tirant profit de divers combines ou stratagèmes voir en payant les restes d'un repas délaissé par les plus riches.

         J'ai également aimé découvrir certains aspects de Paris ou des pratiques qui ont aujourd'hui disparu. Il refait vivre un monde qui n'est plus aujourd'hui. Par exemple, la campagne a deux pas de Paris c'est inimaginable actuellement. Idem pour ce qui se cache sous les halles de Paris. Il néglige aucun aspect aussi minime qu'il puisse paraître à l'époque.

          Et puis il y a une multitude de personnages. Evidemment j'ai eu plus d'affinités pour certains que pour d'autres. Néanmoins, j'ai adoré suivre les liens qui se tissent entre eux. Les intrigues qui se nouent et se dénouent en fonction des espoirs, des rancunes ou des profits que chacun espèrent tirer de telle ou telle situation.
Les personnages ont des opinions politiques mais dans ce troisième volume de la saga, la politique à l'échelle de l'Etat n'est pas au centre des préoccupations. Ici, nous nous retrouvons à une échelle moindre, plongés au milieu du quartiers. Des Halles. Mais ce quartier peut-être tout aussi impitoyable que la politique de l'Etat présentée dans les volumes précédents.. Une condamnation de sa part et s'en est fini de toi.

          Pour conclure, ce livre me surprend. Moi qui ne suis pas une grande fan des descriptions parce que généralement j'ai l'impression qu'elles ralentissent le rythme de l'histoire, j'ai adoré celles que j'ai lu dans ce livre. Je voyais le film ou les peintures que l'on aurait pu tirer de celles-ci. Je suis passée à travers le texte. Et puis, j'ai été surprise de découvrir à quel point cela m'a fait plaisir de lire un autre roman de Emile Zola. Donc, au final, je ne peux que vous conseiller cette lecture.

Muxu,
Marion.

PS: Pour continuer le plaisir...
-Le 4e tome des Rougon-Macquart: La conquête de Plassans.
-Découvrir le second empire à travers un texte documentaire: La France de Napoléon III (1848-1880) de Jacques Marseille.

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