La bonne étoile d'Elsie / Un goût de cannelle et d'espoir - Sarah McCoy



Résumé: Allemagne 1944. Naïve et innocente, Elsie traverse la guerre à l’abri de la petite boulangerie de ses parents et sous la protection d’un officier nazi, loin d’être indifférent à son charme. Lors de la soirée de Noël du parti, elle échappe de peu à un viol grâce à un petit garçon juif. Seul et sans défense, il demande à la jeune fille de le cacher. Prendra-t-elle le risque ? États-Unis, de nos jours. À quatre-vingts ans, Elsie s’active toujours derrière les fourneaux de sa boulangerie. Elle rencontre Reba, une journaliste venue l’interroger sur les fêtes de Noël du passé...



Mon avis:
Cher(e) Lecteur, Lectrice,

     Lorsque je commence une chronique, il me semble que le plus dur c'est de se lancer. Du coup, je papote un peu et je te raconte ma rencontre avec cet ouvrage. Même si celle-ci a peu d’intérêt pour toi, j'adore commencer comme cela.

     La bonne étoile d'Elsie / Un goût de cannelle et d'espoir de Sarah McCoy je l'ai trouvé dans une boite à livres. Ce qui m'a attiré dans ce livre c'est son résumé. Il va aborder des thématiques qui m'intéressent à savoir la seconde guerre mondiale, le régime nazi, la shoa... A mon sens, ce sont des sujets qui doivent être découverts pour comprendre comment est-ce que nous en sommes arrivés à cette extrémité, à ce point de non retour ? C'est des choses qui sont arrivées et qui peuvent encore arriver si nous ne sommes pas vigilants. De plus, ce que je trouve de particulièrement intéressant dans ce texte c'est qu'ici on va avoir le point de vue d'une jeune allemande, Elsie. Elle a vécu ce IIIème Reich de l'intérieur (elle a même grandi sous ce régime) et j'avoue que c'est un point de vue que je commence à découvrir. C'est un des points qui a suscité mon intérêt.
Evidemment, malgré tout ça, ce livre est resté très longtemps dans ma PAL et il aurait pu y rester encore longtemps sans deux petits coups de pouce.
Le premier coup de pouce c'est Marie LovesBooks. Récemment, elle a parlé de cet ouvrage dans l'une de ses vidéos (6'14) et elle m'a fortement donné envie de le découvrir.
Le deuxième coup de pouce c'est le O.W.L's magical readathon. Pour valider l'astronomie, il fallait lire un livre avec le mot "étoile" dans le titre. Et c'est ce que j'ai fait.

     Venons-en maintenant aux choses sérieuses. Lorsque je fais le bilan de cette lecture je dois m'avouer que je ne suis pas complètement convaincue par cette histoire.
J'ai passé un bon moment de lecture et nous y trouvons de très bons éléments. J'ai été surprise de constater qu'il ne m'avait fallu qu'une journée pour arriver au bout de ce livre. L'histoire m'a intéressée et le style était très fluide. En revanche, je lui ai trouvé quelques faiblesses.

Deux poids, deux mesures
     Tout d'abord, il faut savoir que ce livre se passe sur deux périodes différentes. On va ainsi suivre deux personnages: Elsie en 1944-1945 et Reba en 2007-2008. Le premier problème qui s'impose très rapidement c'est que ces deux temps n'ont pas la même valeur et le même niveau d’intérêt. Lorsque nous nous retrouvons dans l'Allemagne nazie c'est intéressant, nous avons envie de savoir la suite car c'est une période trouble avec beaucoup de tension et d'espoir mais lorsque nous sommes amenés à suivre Reba c'est franchement moins captivant. C'est simple, lorsque je retrouvais cette dernière, je n'attendais qu'une chose c'était de retourner dans le passé. Reba n'apporte rien dans l'intrigue et elle n'a aucun intérêt dans cette histoire. Et puis j'avoue que dans son cas, nous voyons les choses venir dès le départ. Il n'y a aucune surprise, ce qui est quand même assez dommage. Avec elle ça a fait flop.

Extraordinary girl ?
     Cela m'amène à t'expliquer le deuxième reproche que je fais à l'auteur par rapport au personnage de Reba. Reba et Elsie ont un lien. Reba est journaliste dans une petite ville du Texas et à l'occasion de Noël elle doit rédiger un article sur les fêtes de Noël dans le monde. Pour cela, elle décide d'interviewer la boulangère allemande du coin qui n'est autre qu'Elsie. D'où la rencontre entre les deux femmes. A ce moment là, je trouvais l'idée de départ superbe parce que cela permettait d'avoir les confidences d'Elsie sur ce Noël si particulier de 1944 et d'entamer ainsi l'histoire. Toutefois, il s'avère que pour moi, lorsque je lis le livre, Elsie ne s'est jamais confiée à Reba sur cette période. En tout cas c'est l'impression que j'ai eu. Il y a deux choses qui me le font penser. Dans l'article écrit par Reba sur les fêtes de Noël, celle-ci ne fait pas mention de cette histoire. Alors qu'au final, elle avait un beau sujet d'article car durant le noël 1944, Elsie est amenée à sauver un enfant juif. En tant que journaliste, j'imagine qu'elle n'aurait pas pu passer à côté et qu'elle aurait fait un voir des articles sur le sujet. Ici, ce n'est pas le cas puisqu'elle part sur autre chose. Et là où je trouve que l'auteure a commis une erreur c'est que j'imagine que si Reba avait été au courant, (en tant que journaliste) elle aurait fait des recherches pour savoir ce qu'étaient devenues les personnes qu'avait connues Elsie à l'époque. Elle aurait pu les interviewer et avoir leur version de l'histoire. De plus, nous aurions su ce qu'ils étaient devenus. Dans ce cas là, Reba aurait eu un vrai rôle à jouer dans l'histoire et en tant que lecteur on l'aurait suivi dans son enquête et on aurait pu découvrir des choses intéressantes/confidentielles/cachées par le régime nazi. Et finalement ici, cela retombe comme un soufflé et je trouve cela très dommageable pour l'histoire que le personnage de Reba ne soit pas exploité correctement.
     Clairement, j'ai l'impression que Riki est plus intéressant que Reba. Parce que lui, je l'ai mis en parallèle avec le soldat nazi qui doit suivre les ordres/les lois sans pouvoir les remettre en cause malgré ce que lui dit sa conscience et son esprit critique.

La fin justifie-t-elle les moyens ?
     De plus, en exploitant correctement le personnage de Reba la fin aurait pu être bien différente. Ici, j'ai l'impression que l'auteure ne savait plus comment terminer. Nous aurions pu lui reprocher de ne pas apporter de réponses claires à l'histoire. Elle s'est alors débrouillée pour les donner au lecteur sans que cela soit véritablement cohérent avec la situation et les motivations des personnages. Les questions qui me sont immédiatement venues à l'esprit par rapport au dénouement c'est: pourquoi maintenant ? est-ce que c'est pour apporter une touche de pathos, de tragique ou de tristesse au récit ? Bref, selon moi, les réactions des personnages ne sont pas logiques et il s'agit simplement de contenter le lecteur.

Etats d'amour
     Ensuite, une des autres faiblesse de ce livre c'est que malgré ce que nous dit le texte, à savoir que les personnages sont très attachés les uns aux autres ou que des liens forts se sont créés (par exemple entre Elsie et Tobias ou entre Reba et son entourage) je n'ai pas ressenti cet attachement. J'en suis désolée et quelque part cela me rend triste parce que ça devrait être des sentiments forts qui les lient mais là, les personnages n'ont pas réussi à m'émouvoir. Ils sont quand même assez froids et je n'ai pas l'impression qu'il y ait eu suffisamment de dialogues ou d'échanges entre eux pour pouvoir créer de tels liens. Par exemple, dans le cas de Tobias et d'Elsie (qui sont, d'après le résumé de l'éditeur, le fil conducteur de ce livre puisqu'elle le cache), j'ai l'impression qu'au final on ne les voit que très peu et par conséquent on n'a pas l'impression qu'ils aient créé des liens si forts que ça. C'est vraiment quelque chose qui m'a manqué dans ce livre.

Avoir les yeux plus gros que le ventre
     La dernière chose que je reproche à ce livre c'est que l'auteure a voulu aborder trop de choses en même temps. Elle évoque plusieurs points intéressants dans son récit (la propagande, le rationnement, le climat de terreur sous le régime, le Lebensborn, la fin de la guerre, l'immigration mexicaine, la fête des morts...) mais j'ai le sentiment que ceux-ci ne sont pas correctement utilisés, ils sont simplement survolés. Dans le cas d'Hazel (la grande soeur d'Elsie) j'étais au départ très enthousiaste car sa situation m'intéressait. On nous la décrit comme une jeune fille très belle qui a brillamment réussi ses études et qui était en passe de se marier avec Peter avant que celui-ci ne meurt  tragiquement. Elle se retrouve alors enceinte sans s'être marié et à priori depuis elle a intégré un Lebensborn. (Un Lebensborn c'est un endroit où les nazis avait pour but de concevoir un maximum de bébés aryens afin de créer ce qu'ils appelaient "la race pure". En gros, ils sélectionnaient des jeunes femmes qui correspondaient à leurs critères ainsi que des SS afin qu'ils aient des enfants.) Personnellement, je l'assimile à une forme de prostitution et dans ce livre Hazel est très heureuse de faire parti de ce programme. Ce qui m’interpelle c'est comment est-ce qu'on peut passer du profil de la jeune fiancé à la prostitué ? Quels ont été les changements qui se sont opérés en elle ?  Comment est-ce qu'elle a vécu la situation ? Qui a choisi ? Elle ? Ses parents ? Quel est sont quotidien ? Et les enfants ? Bref, j'ai plein de questions car c'est la première fois que je rencontre un personnage qui vit cette situation et au final, ce livre ne m'apporte pas de réponses ou très peu. Donc il y a beaucoup de choses (voir trop de choses ) mais je n'ai pas l'impression que l'auteur est fait de vraies recherches. En tout cas, cela manque d'approfondissement.

     Plus j'écris cette chronique et plus j'ai l'impression d'avoir des reproches à faire à ce livre pourtant j'ai passé un bon moment de lecture. Je ne suis pas sûre qu'il me restera longtemps en tête. J'imagine que bientôt je le mettrai dans une boite à livres. Effectivement, je sais qu'il a plu à beaucoup de monde, il serait donc dommage qu'il reste avec moi alors qu'il fera certainement plaisir à d'autres.

Muxu,
Marion

PS: Pour continuer la découverte...
-Lire la trilogie le siècle de Ken Follet. Le tome 2, L'hiver du monde correspond à cette période.
-BD: Jules B, l'histoire d'un Juste d'Armelle Modéré

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