Cheval de guerre - Michael Morpurgo

Résumé:
      Une très belle histoire d'amitié, de sagesse et d'humanité. Joey le cheval de ferme, devenu cheval de guerre, en 1914, nous raconte son histoire, avec simplicité. Témoin de la Grande Guerre, il va vivre l'horreur des combats auprès des Britanniques, des Allemands, ou du côté des Français. Pour lui, les soldats, les paysans, les officiers, les vétérinaires ne sont pas des ennemis, mais des hommes, chez qui il rencontre la bonté comme la méchanceté. Joey partage leurs souffrances et leurs peurs, et sait leur redonner de l'espoir.

Mon avis:
     Cheval de guerre est dans ma bibliothèque depuis de très très très nombreuses années. Même si j'ai un peu honte de l'avouer, cela ne m'étonnerais pas qu'il soit là depuis une dizaine d'années (au minimum).
     Pourquoi est-ce que je ne l'ai toujours pas lu ? Parce que sa thématique m'effraie. Plus jeune, je me suis plongée dans les pages de ce livre. J'en ai débuté sa lecture mais je l'ai abandonné. J'ai l'impression qu'à l'époque, j'ai eu du mal à me mettre dans la peau du personnage principal et à imaginer être un cheval. J'ai le sentiment de ne pas avoir réussi à devenir Joey. Mais il est possible que ma peur ait pris le dessus. La cruauté contre les animaux me terrorise. Émotionnellement, cela me crispe énormément et j'appréhendais de devoir y faire face dans ce récit. Ce n'était sans doute pas le bon moment...
     Malgré tout j'ai gardé ce roman avec le souhait de le lire un jour. Il y a un ou deux ans, j'ai trouvé une nouvelle édition de cette oeuvre. Celle-ci était magnifiquement illustrée. Je suis tombée amoureuse des aquarelles de François Place qui jonchent le texte. Mais toujours cette peur et avec elle, cette réticence à me lancer dans l'histoire.
     Puis vint le #lostintimechallenge. Dans la catégorie "la fleur aux fusils", le challenge est de lire un livre qui fait référence à la guerre. Immédiatement, j'ai pensé à ce titre. Je me suis rapidement empêchée de réfléchir aux multiples autres possibilités dormant sur mes étagères qui pouvaient également répondre à ce challenge et j'ai saisi le roman avant de laisser passer LE moment. Puis j'ai commencé ma lecture avant que mon appréhension ne devienne trop forte...

     Pour moi, les animaux marchent à l'instinct. Si leur maitre les traite avec bonté, ils l'aimeront de manière inconditionnelle. Evidemment, ils peuvent être tout d'abord méfiant mais ils te suivront sans se poser de questions si tu les aimes. Du coup, j'imaginais ce qu'avait du être pour Joey et ses compagnons leur arrivée sur les lieux des combats. Je supposais qu'ils avaient du suivre les hommes avec confiance et puis je pensais au choc qu'avait du être pour eux l'artillerie, les bruits, les odeurs,... Leur incompréhension et leur peur face à la situation. Cette peur qui pour nombre d'entre eux a du être un véritable traumatisme jusqu'à les rendre fous. Puis je pensais à la suite des événements. Aux conditions drastiques auxquels ils devaient être soumis. A leur souffrance, à leur mort à cause des traitements qu'ils devaient subir ou faute d'avoir accès à des soins adaptés. Et c'est cet ensemble de pensées qui me terrifiait.
     Finalement, l'auteur nous oblige à nous confronter à tous ces aspects. Mais la différence avec ce que j'imaginais c'est que nous ne sommes pas tout seul. Joey est là pour nous soutenir. Nous ne pouvons pas l'abandonner là dans ce cauchemar. Alors, nous continuons avec lui à mener le combat et à attendre que cela cesse, en espérant en sortir sans être trop amoché. En équipe, ce n'est pas moins dur mais ce n'est plus aussi effrayant. 
     Naturellement, dans ce récit, il y a beaucoup de morts. Certaines arrivent alors que nous n'y sommes pas préparés. Par conséquent, ce qui devait arriver arriva, ce texte m'a émue. J'en ai eu les larmes aux yeux mais étonnamment cela a été moins difficile que ce que j'imaginais.

     De plus, il est vrai que Joey est un personnage exceptionnel. Comment ne pas se prendre d'affection pour lui ? Il s'attache aux humains qui prennent soin de lui et va jusqu'à créer des liens forts avec eux. Puis, quelque soit ce qu'il vit, il voit toujours le bon côté des choses. Un peu d'herbes par ici, une caresse par là,... Il reste assez optimiste durant ces temps difficiles grâce aux petits gestes d'attention portés par les uns et les autres. C'est un personnage mentalement fort et qui fait preuve d'empathie avec les autres. Cette étincelle d'espoir parmi le chaos permet d'avoir un peu de répit et de ne pas perdre complètement pied.

     Du reste, ce point de vue sur la guerre est tellement bien trouvé. Avec Joey, il n'y a plus de camps. Plus d'animosité pour l'un ou l'autre. Il n'y a pas d'idées préconçues ou stéréotypées. Pas de propagande. Les uniformes s'effacent pour laisser place aux hommes. Joey se contente d'écouter ses interlocuteurs qu'ils soient soldats ou civils, britanniques, allemands ou français. Ils ont tous la possibilité de dire ce qu'ils pensent. Avec lui, ils peuvent se libérer. Ici, nous gommons les différences. Seuls restent les points communs. Les mêmes taches, les mêmes gestes, les mêmes envies. Retrouver son foyer. Et à mon sens, c'est cela le message le plus important à retenir. L'absurdité de cette guerre et l'envie de vivre en paix, d'être aimer et choyer pour les hommes comme pour les animaux.

     Pour conclure, je suis très contente d'avoir attendu le bon moment pour lire ce livre. Je savais qu'il s'agirait d'une lecture riche et intéressante parce que j'ai vu ou lu très peu de documentaires parlant des animaux durant la Grande Guerre. Je trouve que l'auteur a eu une merveilleuse idée en choisissant de traiter la guerre de 14-18 à travers les yeux d'un cheval car on a ainsi la possibilité de voir la guerre dans un aspect plus général, plus global et paradoxalement plus humaine. Je vous encourage à lire ce texte si ce n'est pas déjà fait.

Muxu,
Marion

PS: Pour faire durer le plaisir...
-Regarder l'adaptation de Steven Spielberg
-Lire le secret de grand-père - Michael Morpurgo (pour retrouver Albert et Joey).
-Regarder le film: Vaillant, pigeon de combat (durant la seconde guerre mondiale !)

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